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36ème Édition du Festival international de Piano de la Roque d’Anthéron !

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Un rendez – vous incontournable pour les meilleurs pianistes !

Pour cette nouvelle édition du Festival, René Martin, directeur artistique de la Mecque des pianistes, plus de quatre-vingt concerts sont au programme pendant un mois au cœur de l’été. Pour débuter le festival un audacieux programme de musique symphonique et concertante du répertoire français était programmé avec l’Orchestre National de Lyon sous la direction d’Andris Poga, jeune chef d’orchestre prometteur ancien assistant de Paavo Jarvi. Bertrand Chamayou interprétait le Concerto pour piano et orchestre en Sol Majeur de Maurice Ravel et le Cinquième Concerto pour piano et orchestre en Fa Majeur dit « égyptien » de Camille Saint-Saëns dans un Parc Florans affichant complet. Initialement pièce pour piano à quatre mains la petite suite de Claude Debussy dont on doit l’orchestration à Henri Busser est une entrée impressionniste aux harmonies raffinées et caressantes bien rendues par les musiciens français sous la direction inspirée d’Andris Poga.

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Bertrand Chamayou, nouvelle star du clavier

Bertrand Chamayou livre une  interprétation d’une intensité haletante pour le concerto en sol de Maurice Ravel. Puisant sa source principale dans la technique laissée par Franz Liszt, l’écriture ravélienne offre le souci de la clarté. L’élégance du toucher de Bertrand Chamayou restitue à merveille cette clarté si nécessaire et la beauté du chant intérieur de la partition de Ravel. Le deuxième mouvement en est le sommet de son interprétation. En deuxième partie après une lecture attentive d’Andris Poga des Masques et Bergamasques de Gabriel Fauré, on retrouve  le jeune pianiste français dans le dernier concerto de Camille Saint-Saëns dans un style plus académique. Dans le premier mouvement,  Bertrand Chamayou offre des phrasés éloquents tout en relief. L’andante est un moment qui confère à l’indicible  où l’on entend furtivement le chant d’un batelier nubien entendu jadis au Caire par le compositeur avant de retrouver la toccata finale particulièrement convaincante sous les doigts d’un interprète à forte personnalité.  Une longue Standing ovation méritée de la part d’un public séduit appelle des bis où l’on salue la pavane pour une infante défunte de Maurice Ravel comme touchée par la grâce.

Yulianna Avdeeva se révèle une fois de plus une des grandes interprètes de sa génération

Le lendemain, c’est la pianiste prodige Yulianna Avdeeva qui livre une interprétation habitée et énergique du troisième concerto pour piano et orchestre en ut mineur opus 37 de Beethoven à l’ascendance classique viennoise sous le regard attentif du pianiste russe Boris Bereszovsky. Andris Poga à la tête des forces lyonnaises privilégie une approche lucide et fluide. Yulianna Avdeeva, victorieuse du prestigieux Concours Chopin en 2010 est bien l’une des grandes pianistes en devenir de sa génération. Le jeu immaculé de la pianiste atteint un rare niveau d’unité avec l’orchestre. La précision des détails et de l’articulation,  la continuité des contre-chants beethovéniens sous ses doigts nous font chavirer. On songe par instant à Geza Anda. Elle privilégie la couleur au service de l’émotion dans le largo en mi majeur du mouvement lent. Andris Poga livre une interprétation bien trop lisse de la Symphonie pathétique de Tchaïkovsky pour nous émouvoir véritablement avec les musiciens lyonnais.

 

Un phénoménal Jan Lisiecki

Quelques jours plus tard, les festivaliers avaient rendez vous avec le pianiste canadien d’origine polonaise Jan Lisiecki. On se souvient lors de la précédente édition de sa magnifique interprétation des œuvres concertantes pour piano et orchestre de Robert Schumann. On le retrouve ici avec le concerto pour piano et orchestre en ré mineur KV466 de Mozart avec les musiciens particulièrement investis de l’ensemble orchestral japonais Kanazawa sous la direction délicate, attentive aux solistes et alerte de Michiyoshi Inoue. Écrit en 1785, ce concerto retient l’attention par son caractère tragique. On se trouve à la lisière de l’écriture beethovénienne. Dès les premières notes, le pianiste canadien offre une interprétation limpide, passionnée et convaincante de l’un des plus beaux concertos pour piano du divin Mozart. Il y a chez cet interprète ce je-ne-sais-quoi qui confère au sublime. Densité dramatique, légèreté, fluidité tout y est pour en faire un interprète d’exception. On le retrouve dans le magnifique air de concert pour soprano, piano et orchestre KV 505 « Ch’io mi scordi di te » de Mozart en compagnie  de la soprano française Chloé Briot, récemment entendue au Festival d’Art lyrique d’Aix-en-Provence dans Pelléas et Mélisande de Debussy. En méforme totale, cette soliste auréolée par de nombreuses critiques élogieuses de ci de là frôlent la catastrophe à la fin de son air. Quelle belle idée de René Martin d’avoir associé cet air de concert rarement donné pour cette soirée ! En seconde partie de soirée, Michiyoschi Inoue et son orchestre ne font qu’un pour une interprétation investie de la symphonie héroïque de Beethoven. On tient là un des grands chefs d’orchestre de son temps. On est totalement conquis ! La Roque demeure bien l’un des festivals les plus importants et magiques de l’été.

Serge Alexandre

La Roque d’Anthéron se poursuit jusqu’au 18 août.

www.festival-piano.com ou 04 42 50 51 15.

 

Rmt News Int • 12 août 2016


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