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Floating Flowers – avignon off 2016

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Nous ne répèterons pas ce qui a été écrit par les divers médias sur Floating Flowers de la compagnie B. Dance, présenté sur un plateau nu, sans projections vidéo aucune, avec un beau travail de lumières : nous nous attarderons plutôt sur ce qui nous a touchés dans cette création.

La métaphore aquatique proposée, visant à exprimer les sentiments du chorégraphe, Po-Cheng Tsai, sur la vie et la mort ou comment « contempler la vie en riant » via l’image de l’eau, élément à la fois calme et violent, n’est hélas pas toujours lisible. A sa décharge, il est vrai que son travail contient une composante non dénuée d’humour.

Expliquons-nous : cette création chorégraphique récompensée de nombreux prix partout dans le monde est censée évoquer un lac paisible au fond duquel grouillent des milliers d’êtres, le piano en début puis le violon de la création sonore s’achevant par de la musique électronique expérimentale assourdissante sont là (d’après le dossier de presse)pour signifier le clapotis paisible et le mouvement continu de l’eau  avant le déferlement des vagues (le calme avant la tempête puis le retour au calme) ; les costumes, des jupons-tutus en mousseline blanches (servant de voile ou de jupe de deuil), quant à eux, symbolisent la fluidité de l’élément. Soit ! Mais la danse contemporaine, terrienne et répétitive, avec ses mouvements bien ancrés dans le sol, dont certains nous ont rappelé un certain Prejlocaj, voire notre cher Kéléménis, rend plus difficile que la danse classique, plutôt aérienne et fluide avec ses portées et ses pointes ou pas de deux à petits pas, l’allégorie aquatique de la vie des hommes, telle que voulue par son chorégraphe qui dit s’inspirer d’une fête religieuse taïwanaise organisée à la faveur des morts (avec sa mise à l’eau de lampions dérivant vers les mers profondes), à laquelle le titre même de sa création fait explicitement référence.

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Néanmoins, l’aspect tribal de certains passages lorgne du côté des danses aborigènes des peuples originaires de l’île : avec sa frénésie quasi transcendantale proche du soufisme, et  son tremblé  qui accompagne les rituels religieux de ces croyances ancestrales vaudous ou thraces (trop souvent associées à tort au maléfique), le spectateur est plongé dans les rituels de passage de la vie à la mort et vice-versa à la renaissance (le cycle de la vie), voire à la tentative (vaine) de percer le mystère du divin (à l’image des rites dionysiaques). L’introduction d’éléments gestuels influencés par les arts martiaux, notamment le Tai Chi, pendant zen à ces danses tribales, amène un souffle, une respiration dans la chorégraphie menée tambours battants.  Ying et yang se répondent et s’entremêlent sur fond d’un flot ininterrompu de sons électro martelant, de leurs pulsations saccadées, un rythme techno quelques peu suranné, masquant des percussions délicates.

Pourtant, dans cette création, chaque danseur imprime sa marque et laisse son signe : l’une avec ses mouvements de mains et de tête d’inspiration indonésienne, l’autre avec sa gestuelle à la Shiva, voire la transfuge de « Play Me », la plus amusante, aux mimiques délicieuses pour ne citer que ces dernières.  Tous sont fort talentueux et la cohésion du groupe (4 garçons, 4 filles) est sensible : la complicité entre les danseurs trouve son acmé lorsque par paires de deux, ils forment des espèces de géants, à la gestique robotisée.

Floating Flowers, création d’un tout jeune chorégraphe, mêle les genres chorégraphiques, s’appuyant intelligemment sur les qualités artistiques de ses interprètes, mais tend à proposer une performance physique plutôt qu’un spectacle de danse complètement abouti*.

Alors, oui, il y a de bien jolis moments de grâce, des solos, duos et chorégraphies d’ensemble fort bien exécutés, et nous pouvons être portés par l’énergie admirable déployée par la troupe mais nous restons quelque peu sur notre faim, peut-être parce que, comme dans de bien nombreux spectacles de danse contemporaine, il n’est pas assez « dansé » et joue (trop) sur la répétition infinie des mêmes mouvements… DV

*Peut être à cause de l’absence de vidéo-projections qui ici manquent cruellement…

« Floating Flowers », Chorégraphie de Po-Cheng Tsai

Interprètes : Siou-Kee Kek, Chien-Chih Chang, Sheng-Ho Chang, Yuan-Hao Chang, Chiung-Tai Huang, I-Han Huang, Yu Chang, Ming-Hsuan Liu

Au CDC les hivernales du 10 au 20 juillet puis en tournée en Europe !

(c) photo B.Dance company/ Chang-Chih Chen

Rmt News Int • 31 juillet 2016


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