RMTnews International

The culture beyond borders

Publication de l’Atlas des Mammifères de Provence Alpes Côte d’Azur, chez Biotope

image_pdfimage_print
Share Button

 Un atlas à se procurer de toute urgence, pour les amoureux et les amateurs des mammifères !

Magnifiquement et très richement illustré, après 6 années de travail acharné à recueillir les informations et guetter toutes les espèces de mammifères vivant en région à toute heure du jour et de la nuit, voici enfin sortie la dernière parution de la LPO Région Provence-Alpes-Côte d’Azur (Ligue pour la Protection des Oiseaux PACA), réalisée en collaboration avec le Groupe Chiroptères de Provence (GCP) et le Groupe d’Etude des Cétacés de Méditerranée (GECEM), soutenue par le Crédit Mutuel Méditerranéen (CMM) et portée par une centaine de passionnés : l’Atlas des Mammifères de Provence Alpes Côte d’Azur, édité chez Biotope.

atlas

Un atlas unique en son genre, fruit d’une longue aventure humaine

Pour rappel, jusqu’à présent, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur ne disposait que de 3 atlas mammalogiques : « L’atlas des mammifères sauvages de France » de la SFEPM paru en 1984, « Faune sauvage des Alpes du Haut-Dauphiné » du Parc National des Ecrins et du CRAVE paru en 1995, et « Mammifères de Camargue » de Poitevin et Al paru en 2010. « Les généralités en début d’ouvrage présentent le contexte de la région PACA et traitent de la chasse, du piégeage et des infrastructures routières. Les nouvelles données mises à jour permettent d’offrir une vue d’ensemble actualisée sur la présence des mammifères dans la région, l’atlas réunissant  dans un seul livre les 114 espèces de mammifères présentes dans la région sur les 130 que compte le territoire national. La répartition de chaque espèce est ici finement cartographiée sur une maille 10 x 10 km. Chaque monographie répertorie les statuts réglementaires, les mesures, la répartition, l’écologie, l’état de conservation, les historiques et la tendance des populations ». Le tout est illustré de remarquables photographies et de dessins exceptionnels de précision, réalisés pour chacune des espèces cartographiées. Les illustrations sont signées Toni Llobet, artiste catalan, reconnu internationalement pour ses illustrations parues dans des atlas de référence tels que le New Catalan Breeding Bird Atlas, le Handbook of the Birds of the World et le Handbook of the Mammals of the World.

Nous avons rencontré le directeur de la LPO PACA, Benjamin Kabouche, spécialiste des escargots, militant issu d’une famille de cultureux (dont le fils était clarinettiste dans la Carmen de Martin et Chalmeau présentée début juin au Dôme), lors de la conférence de presse organisée au siège du club de la presse Marseille Provence Alpes du Sud le 24 juin 2016 à l’occasion de la présentation de l’ouvrage. Avant d’entamer un tour d’horizon des mammifères de PACA, il nous explique en quoi consiste la LPO dont le nom – ligue pour la protection des oiseaux- ne laisse pas imaginer la variété des activités menées par l’association et la diversité des domaines d’action dans lesquelles la structure s’est investie au fil des années. La LPO, apprenons nous, « avec ses  45 000 adhérents, compte 5 fois plus de membres que la WWF, pourtant bien plus connue du grand public » et bien plus médiatisée, rajouterons-nous : elle se trouve être la première ONG de France, avec  32 salariés, 3 500 adhérents et  1 million 600 000 € de budget pour la LPO PACA uniquement. La LPO, précise Benjamin, c’est « agir pour l’oiseau, la faune sauvage, la nature et l’homme et lutter contre le déclin de la biodiversité, par la connaissance, la protection, l’éducation et la mobilisation » avec un slogan bien trouvé, « agir pour la biodiversité » (lire notre encadré sur la LPO ci-dessous)!

Benjamin Kabouche, directeur LPO PACA, (c) DVDM

Benjamin Kabouche, directeur LPO PACA, (c) DVDM

Avec humour et autodérision, le directeur de la LPO PACA nous explique, en toute simplicité, la longue et complexe genèse de l’ouvrage, émaillée de grandes et petits aventures qu’il nous relate avec passion : nous découvrons la complexité du travail (« en comparaison, l’inventaire d’oiseaux est plus aisé, le chant étant un marqueur facilement identifiable pour un expert »), avec un grande diversité de protocoles d’étude et d’observation selon l’espèce (certains doivent être capturés pour étude, d’autres nécessitent de longues veillées nocturnes, d’autres encore des réveils très matinaux). Faire l’inventaire « des vertébrés poilus dont la spécificité est d’avoir des mamelles » n’est pas de tout repos, nécessitant un expert par espèce et de longues heures de marche ou de grimpette pour les espèces montagnardes, par exemple. Les espèces de mammifères sont nombreuses : le dauphin par exemple en fait partie puisqu’ « il possède des poils et mamelles même si elles sont discrètes, le hérisson également même s’il allaite ses petits avec le lait qui suinte de ses poils ». En PACA, grâce à une géographie d’une richesse extraordinaire avec « son fleuve tel que le Rhône, ses hautes montagnes à l’image des Alpes, son large littoral avec la côte bleue, ses plaines étendues… », les experts ont pu décompter  114 espèces de mammifères sur les 130 existant en France soit une représentativité de près de 87%.

Entre anecdotes savoureuses et découvertes inquiétantes : un ouvrage de sensibilisation riche et complet

Nous apprenons ainsi qu’il existait sur nos rivages une espèce de phoque, le Phoque Moine exterminé par l’homme le siècle dernier, que le Bouquetin a été réintroduit récemment avec succès, et qu’il existe une chauve-souris citadine, la pipistrelle commune, nichée entre deux jointures d’immeubles, dont nous pouvons entendre le cri (« la seule et l’unique »). Pour parler de chauves-souris, sachez qu’il en existe plus de trente espèces : une grande partie est frugivore, l’autre insectivore d’où leurs canines acérées pour casser la carapace des insectes. Et pour les amateurs du genre, il n’existe que trois espèces suceuses de sang. Elles vivent en Amérique Latine (« et non dans les Carpates ») et se nourrissent du sang de leur proie, « mordue au niveau du tendon d’Achille (et non au niveau du cou comme le pratique le Comte Dracula) », une nouvelle qui pourrait bien décevoir les fans d’histoires de vampires mais peut-être inspirer de nouvelles légendes, allez savoir! Autre anecdote savoureuse servie par notre éloquent directeur, « le rat des villes, le Rat Noir, très répandu à Marseille, est un grand frileux ».

Extrait de l'Atlas

Extrait de l’Atlas

Revenons aux choses sérieuses, en plus d’être un inventaire, cet atlas nous avertit des nombreux dangers qui guettent nos amis mammifères autochtones : l’introduction de nouvelles espèces par l’homme soit en tant qu’animal de compagnie soit pour des raisons agricoles, voire industrielles. Par exemple, l’écureuil de Pallas, le vison d’Amérique ou le Ragondin sont des fléaux qui menacent pour les deux premiers, la survie d’autres espèces, pour le dernier, l’équilibre de notre flore. Le plus petit mammifère découvert est la Pachure étrusque qui se dévoile être de la taille d’un annulaire ; le plus vieux – « une relique de l’ère glaciaire », précise Benjamin- est le campagnol fouisseur. Après lecture de cet atlas, nous découvrons et comprenons bien mieux tous les enjeux de la préservation de la biodiversité naturelle des espèces en notre région, si magnifique dans des domaines aussi nombreux et variés que la nature, la culture et le patrimoine.

Cet atlas, dont la lecture n’est pas nécessairement linéaire (le lecteur peut piocher dedans selon son envie), régalera certainement les curieux. Avec ses monographies plus techniques condensées sur une double page par espèce, il pourrait être fort utile aux professeurs souhaitant initier leurs élèves à la découverte de la faune régionale. Outil de référence pour tout naturaliste, il permettra de sensibiliser les structures et décideurs politiques à la nécessaire conservation des espèces, notamment avec sa première partie très dense en rappelant fondamentaux et enjeux. Sa sortie s’accompagne d’une série de conférences d’une heure trente en entrée libre, à  Marseille, le 1 juillet à 18h au Muséum d’Histoire Naturelle puis à Hyères, le 2 juillet à 16h à la Médiathèque Saint-John Perse de Hyères et enfin à Apt, le 8 juillet à 15h à la Maison du Département, 233 avenue de Viton.

Une publication à découvrir et des événements à suivre ! Et bientôt, une prochaine publication sur les libellules prévue en 2017 ! DVDM

 

Caractéristiques : ISBN : 978-2-36662-179-2 | Format : 21 x 29.7 cm | Nombre de pages : 344 Prix public : 39 € ttc | Parution : Juin 2016. Pour le commander  www.lpo-boutique.com ou www.biotope-editions.com

Pour les conférences, se renseigner auprès de Manon Rolet au 04 90 74 10 55 ou manon.rolet@lpo.fr

Plus d’infos sur les sorties organisées par la LPO https://paca.lpo.fr/agenda-sorties-nature

 

ENCADRE

Qu’est-ce donc que la LPO ?

Pour la petite histoire, l’association à ses origines a été créée en 1912 pour aider à la sauvegarde d’une espèce d’oiseau menacé d’extinction en Bretagne.

En effet, cette année-là, «  les chemins de fer de l’Ouest organisaient de véritables safaris pour abattre les « calculots » (nom donné aux macareux moines) sur l’archipel des Sept-lies, au large de Perros-Guirec. Pendant de longs week-ends, des milliers de macareux, guillemots et petits pingouins tombèrent sous les plombs avant de remplir les poubelles de la ville. En deux ans de carnage, la population de macareux était passée de20 000 à 2 000 oiseaux ! La mobilisation d’une poignée d’amoureux de la nature aboutit à l’interdiction de ces massacres et à la création de la première réserve ornithologique de France sur l’archipel des Sept-lies. La gestion de cet espace fut alors confiée à la LPO, fondée la même année pour pallier les carences de l’Etat dans l’application des lois internationales pour la protection des oiseaux. » La LPO a ainsi développé une expertise largement reconnue dans la gestion et conservation des espèces menacées (oiseaux et rapaces…) et des espaces (avec la création de sites naturels et de refuges pour oiseaux dont celui de Bioux en PACA avec son centre de soin) ainsi que dans la diffusion de la connaissance naturaliste (avec outre ses publications, un travail d’éducation à l’environnement et des actions de sensibilisation aux oiseaux et à la faune menés auprès du grand public où sont développés les enjeux et les actions relatifs au respect du vivant et à la souffrance animale…).

La LPO en France

La LPO en France

Au fil des ans, la ligue de protection des oiseaux a peu à peu investi le domaine plus large de la préservation de la biodiversité et du vivant, partant d’un consternant constat d’une nature « si souvent agressée et encore trop souvent ignorée » Benjamin Kabouche ne mâche pas ses mots lorsqu’il parle de l’homme, le plus grand prédateur -et exterminateur- de la planète Terre, face auquel presqu’aucune espèce vivante ne peut résister, tant son ingéniosité est efficacement mise au service de sa volonté de domination du vivant. D’où la nécessité et une détermination sans faille d’agir sans jamais baisser les bras ou laisser faire et une certaine satisfaction au regard des résultats significatifs obtenus en faveur de la nature, notamment en terme de réduction de la souffrance animale ou de lobbying auprès d’entreprises : ces dernières, aujourd’hui, prennent en compte leurs préconisations. Benjamin explique que la LPO détache ses experts auprès d’entreprises, à l’image d’Escota, pour les conseiller dans la construction d’infrastructures routières dans les secteurs à risque : par exemple, pour déterminer où mettre un grillage afin de détourner l’animal d’une voie dangereuse et éviter les collisions des animaux avec les voitures, voire construire un éco-pont, toujours dans le but de préserver le vivant….

Les missions de la LPO en terme de Biodiversité consistent alors à développer des  compétences  et être force de propositions et d’actions sur l’ensemble des problématiques liées  à la biodiversité (biodiversité et aménagement du territoire, biodiversité et climat, biodiversité et fiscalité, éducation et sensibilisation à la faune exotique et envahissante…) en intensifiant ses actions en montagne, forêt et mer (par exemple, en proposant la création d’espaces protégés), ainsi qu’ en outre-mer, en lien avec le réseau des associations locales ultramarines, pour la protection de la faune insulaire (ex de l’albatros à l’île de Rioux, près de Marseille). Car les îles ont une évolution et un écosystème particuliers. C’est l’occasion d’apprendre qu’en Grèce ancienne, à l’époque Romaine, existait un type d’éléphant nain, disparu depuis. Les squelettes des éléphants nains dans les grottes, avec leur trou laissé béant par la trompe, sont à l’origine du mythe grec des cyclopes! Pour Benjamin, « la France, entant que 2ème puissance maritime au monde, doit être le fer de lance de la protection des océans dans la mesure où tous les cétacées, notamment en méditerranée, sont contaminés par les déchets polluants rejetés par l’activité humaines ».

Pour cette raison, la LPO a rajouté, sous son logo centenaire, un slogan fort, « agir pour la biodiversité ». DV

Rmt News Int • 30 juin 2016


Previous Post

Next Post