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Onzième édition des musiques interdites dès le weekend du 11 et 12 juin 2016

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A l’image de l’année 2015, Musiques Interdites, dirigées par Michel Pastore, reprend, en 2016, sa formule à l’année avec l’organisation de deux soirées de concert : les samedi 11 et dimanche 12 juin 2016 à 20h30, les curieux pourront découvrir un programme musical et lyrique, fidèle aux origines du festival dont le but est de réhabiliter des œuvres de compositeurs bannis par les Nazis et les régimes autoritaires, rarement, voire jamais, joués ; deux soirées ici présentées sous l’appellation « Aux Hommes de bonne volonté » à l’Eglise Saint Nicolas de Myre, 19, rue Edmond Rostand 13006 Marseille.

 

Un nouveau lieu pour cette édition 2016

En cette fin de printemps, le festival investit un lieu peu connu : l’église Saint-Nicolas-de-Myre. Pourtant, construite en 1821 à la demande de réfugiés chrétiens, venus d’Egypte et de Syrie, elle est aujourd’hui la plus ancienne église orientale d’Europe et l’une des premières églises grecques catholiques. Fondé par l’archevêque de Myre, Mgr Maximos Mazloum, et inauguré par l’archevêque d’Aix-en-Provence, Mgr Ferdinand de Beausset, cet édifice est original tant par son architecture typiquement orientale, que par sa décoration et surtout par son bi-ritualisme : depuis sa création, des offices de rite romain et de rite byzantin sont célébrés en alternance. Créée pour accueillir des catholiques français et orientaux, elle illustre l’esprit de tolérance et d’ouverture des Melkites mais aussi leur volonté d’être un pont entre l’Orient et l’Occident. Cette église se révèle être le témoignage de l’histoire des chrétiens d’Orient et également, un des plus fabuleux vestiges du passé levantin de Marseille. Un lieu idéal pour accueillir des œuvres de compositeurs interdits, exilés ou déportés!

 

Un programme alléchant en deux temps

Après la création le 18 mai à la Havane de l’opéra de Kurt Weill « Marie Galante o El Exilio sin regreso », dans le cadre du Mois de la culture française à Cuba, qui sera repris à Marseille en novembre 2016 à La Criée, la première soirée met à l’affiche 4 compositeurs méconnus. Le public est invité à entendre les créations de Szymmanowski : Les Chants du Muezzin, composés en 1922, où le compositeur polonais introduit dans la musique occidentale les sources musicales orientales entendues lors de son voyage en Afrique du Nord; puis de Komitas : Chants Sacrés pour la composition desquels le compositeur arménien, admiré par Debussy et Ravel, recueillit de 1906 jusqu’en 1915, plus de 3000 chants sacrés ou populaires arméniens;  de Bruch : Kol Nidre, œuvre composée à la fin du XIXème siècle pour la communauté juive de Liverpool, elle est inspirée de mélodies hébraïques ;  et pour finir, des extraits de l’Opéra Anouch de Armen Tigranian : compositeur et chef d’orchestre arménien, son opéra incarne le point de rencontre entre l’Europe et l’Orient et reste un symbole de la culture arménienne. Les solistes invités sont la soprano arménienne Armenuhi Khachikyan et le ténor marseillais Wilfried Tissot. Côté musiciens, le public pourra entendre la clarinette de Daniel Poloyan et le violoncelle d’Odile Gabrielli. Vladik Poliionov sera au piano et Frédéric Isoletta à l’harmonium. Une bien jolie distribution pour une soirée de découvertes placée sous le signe de l’Arménie dont le centenaire du génocide (récemment reconnu par le parlement allemand) a été fêté tout le long de l’année 2015!

 

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Le lendemain, le public pourra écouter Le Chant de la Terre de Mahler dans une version orchestrée par Schoenberg : cette œuvre est connue du public pour sa version orchestrale créée en 1919 par Bruno Walter mais en 1920, Schoenberg fut amené à transcrire pour petit orchestre le Chant de la Terre. Il ne la put terminer, et c’est en 1983 que le musicologue Rainer Riehn acheva cette orchestration. Cette œuvre doublement interdite par les nazis témoigne de la victoire finale des créateurs sur le non-sens totalitaire : elle dégage un intimisme lyrique bouleversant au service d’une extrême densité dramatique. Composée à partir de 1907, c’est une « symphonie » pour ténor, alto (ou baryton) et grand orchestre, composée par Gustav Mahler d’après La Flûte chinoise de Hans Bethge, inspirée des poèmes de Lǐ Bái. Ils seront interprétés successivement par deux chanteurs solistes de renommée internationale : Qiulin Zhang, contralto (somptueuse dans cette œuvre qu’elle a interprétée à l’Opéra de Paris sous la direction de Christoph Eschenbach) qui se produit sur toutes les scènes dans le monde et Luca Lombardo, ténor marseillais qui poursuit une superbe carrière en Europe et dans le monde (Opéra Bastille, Chorégies d’Orange, Hong Kong, Metropolitan de New York, Opéra de Sydney….) et que nous avons pu voir récemment dans la Carmen de Bizet, mise en scène par Richard Martin et dirigée par Jacques Chalmeau, au Dôme, dans le rôle de Don José. Ils seront accompagnés par la formation orchestrale de musiciens de l’Orchestre de l’Opéra de Marseille*, dont plusieurs « chefs de pupitre » placés sous la direction du jeune chef d’orchestre Victorien Vanoosten. Ce dernier, chef assistant à l’Opéra de Marseille, a dirigé avec talent cette saison 2 opéras à Marseille dont Madame Chrysanthème qui lui valut une ovation du public et des critiques élogieuses. Que du beau monde donc pour un chef d’œuvre à redécouvrir ! Un album CD de ce concert avec Bel Air Music et le soutien de l’Adami sera également enregistré.

 

Et pour finir, si vous souhaitez poursuivre votre incursion dans des compositions inédites, notez dans vos tablettes le prochain rendez-vous  des Musiques Interdites : « Marie Galante ou l’Exil sans retour » de Kurt Weill, présentée à La Criée Théâtre national de Marseille les 23 et 24 novembre 2016. Cette performance lyrique et création avec 4 chants inédits est présentée grâce à la Kurt Weill Foundation de New York. Côté solistes, ce sera un plaisir de retrouver la jeune soprano Emilie Pictet, accompagnée du baryton Jean-Christophe Maurice et de la basse Frédéric Leroy. Irène Jacob en sera la récitante et les musiciens de l’Orchestre philharmonique de Marseille seront dirigés par Vladik Polionov, également au piano. Un événement à suivre ! DVDM

*Les Musiciens de l’Orchestre philharmonique de Marseille dont nous avions pu apprécier la qualité lors de la présentation du Journal d’Anne Franck cet hiver à la Criée sont : le jeune et talentueux Kim Da-Min avec Matthieu Latil aux violons, Magali Demesse à l’alto, Xavier Chatillon au violoncelle, Jean René da Conceiçao à la contrebasse, Laetitia Lenck à la flûte, Armel Descotte au hautbois, Alain Geng à la clarinette, Julien Desplanque au cor, Stéphane Cotable au basson ainsi que Bernard Boellinger et Mathieu Schaeffer aux percussions.

 

Plus d’infos http://www.musiques-interdites.fr/

Tarifs: de 8€ (réduit) à 12€ (normal)/ réservations : musiquesinterdites@free.fr

 

 

Rmt News Int • 8 juin 2016


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