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Carmen de Bizet dans sa première version au Dôme, une rareté à découvrir les 4 et 5 juin prochains!

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Le pari fou de monter « un opéra grand spectacle intime » !

Carmen, coproduction de la Philharmonie Marseille Méditerranée (créé en 2014 par J. Chalmeau) et de l’Opéra de Marseille, soutenue par la Ville de Marseille, en partenariat avec le théâtre Toursky, sera présentée au public le 4 juin à 20 h et le 5 juin à 16h dans le but de « faire venir un nouveau public à l’Opéra » dans un lieu où « quel que soit l’endroit où le public s’assied, tout le monde peut voir la scène entièrement » (dixit J. Chalmeau, chef d’orchestre), le Dôme.

Richard Martin et Jacques Chalmeau

Une version originale

La version de Carmen,  ici présentée, l’originale, sans coupures, est rarement jouée et le public pourra entendre l’air de Moralès, « l’Arlésienne des autres versions de Carmen » pour reprendre les mots de J. Chalmeau, directeur musical et coproducteur du projet. Il s’agit de la version opéra-comique découverte le 3 mars 1875 à Paris, où se mêlent texte et musique, en 4 actes et 27 numéros, dont les représentations n’ont pas connu le succès escompté du vivant de Bizet, l’œuvre étant jugée trop sulfureuse.

Rappel du synopsis

A Séville, début 19ème, Carmen est une jeune et jolie gitane au caractère passionné et rebelle, employée dans une manufacture de cigares. Entourée de soupirants, elle jette une fleur à Don José, brigadier des dragons, fiancé à Micaela. Le brigadier, suite à une bagarre entre cigarières au cours de laquelle Carmen est emprisonnée, favorise sa fuite, charmé par la belle. Emprisonné par son supérieur, puis libéré, le brigadier, ayant bafoué son honneur de soldat, rejoint Carmen et ses acolytes contrebandiers dans les montagnes. Mais Carmen tombe amoureuse d’Escamillo, Toréador de renom et adulé de tous, attendu dans les arènes de Séville, et quitte Don José : ce dernier, outragé dans son amour, perd la raison et la tue.

Présentation de l'espace scénique

Présentation de l’espace scénique

La Dôme : une acoustique adaptée à l’Opéra

Dans quinze jours, les curieux pourront ainsi découvrir cette version rare de Carmen au Dôme dont « l’acoustique est, selon Jacques Chalmeau, naturellement sympathique ». Il est vrai que le problème de son rencontré au Dôme est souvent lié à une sonorisation pas toujours réussie des groupes de musique qui y passent, notamment lorsque ces derniers veulent trop monter le son, faisant hurler les enceintes pour le malheur de nos frêles oreilles.

Une bien jolie distribution

Pour entrer dans le vif du sujet, alors que les répétitions et les derniers réglages techniques sont à l’œuvre, le metteur en scène dudit opéra, Richard Martin, et le directeur musical, Jacques Chalmeau, nous ont dévoilés une distribution de belle facture.

Nous retrouverons un ténor marseillais auréolé de nombreux prix et à la carrière internationale,  Luca Lombardo, souvent vu à l’Opéra et qui en est à sa 250ème Carmen, ainsi que Cyril Rovery, l’athlétique baryton bien connu de notre ville ayant récemment joué dans Colomba, présentée à l’Opéra l’an passé : Cyril a, parallèlement à une carrière bien remplie, dirigé l’Opéra Théâtre pour Tous, une structure visant à proposer des opéras mêlant théâtre et lyrique dans des lieux somptueux comme le jardin du palais Longchamp ou le théâtre Sylvain dans le but de faire découvrir cet art à tous les publics, à petits prix !

Côté filles, nous ne serons pas en reste à en croire les organisateurs. Parmi les jeunes solistes, se trouve une ancienne du CNIPAL, la mezzo-soprano Marie Kalinine : cette dernière a déjà été invitée sur la scène de l‘Opéra de Marseille dans les Troyens de Berlioz et n’en est pas à sa première Carmen, ayant déjà incarné le personnage à l’occasion du festival de Lacoste sous l’égide d’Eve Ruggieri. Lussine Levoni, jeune soprano arménienne, s’attèle, quant à elle, pour la première fois au rôle de Micaela.

Elément de scénographie par l'artiste peintre en charge des décors

Elément de scénographie par l’artiste peintre en charge des décors

« Une production voulue entièrement professionnelle »

Richard Martin et Jacques Chalmeau avaient présenté la Flûte Enchantée de Mozart l’an passé, essuyant les plâtres d’un lieu peu habitué à programmer de l’Opéra. Cette flûte au succès critique pour la qualité de sa distribution avait souffert d’un partenariat malencontreux avec la Fabrique Opéra (voir notre encart ci-dessous) et de nombreuses voix s’étaient levées contre l’amateurisme des décors.

Cette année, la scénographie ne sera pas créée par des élèves de Lycées Professionnels même si certains sont associés à la création, encadrés par l’Opéra Studio Marseille Provence, jeune structure née en 2015 où se brassent les expériences et les âges, dans le cadre d’un projet pédagogique adapté avec lesdits lycées marseillais (Marie Curie, Diderot, Blaise Pascal, l’école de maquillage ATM et le CFA COIFFURE Roger Para). La scénographie est ici réalisée par Floriande Montardy Chérel, une peintre au parcours d’architecte dont les œuvres seront projetées sur la scène.

Le dispositif de vidéo-projection des décors relèvera néanmoins d’un défi technique puisqu’il « ne s’agit pas de plaquer des éléments de décors mais d’intégrer la vidéo à la mise en scène », telle un acteur à part entière. Et pour Richard Martin, le metteur en scène, qui n’est pas grand fan de l’usage de la vidéo dans un spectacle, c’est un enjeu de taille !

Richard Martin, Jacques Chalmeau, Maurice Di Nocéra et Anne Marie d'Estienne d'Orves

Richard Martin, Jacques Chalmeau, Maurice Di Nocéra et Anne Marie d’Estienne d’Orves

Qui n’oublie pas les jeunes

En effet, un chœur de 60 enfants dont 40 du Conservatoire de Marseille et 20 jeunes musiciens issus de l’Académie Philharmonique Provence Méditerranée participent à l’aventure. Car Jacques Chalmeau souhaite que cette création serve néanmoins de « tremplin professionnel pour les jeunes ». Anne Marie d’Estienne d’Orves, adjointe à la Culture de la Ville de Marseille, souligne « ce désir de partage et cette volonté d’offrir à des jeunes de participer et venir écouter de l’Opéra : c’est notre mission » précise-t-elle. A ses côtés, Maurice Di Nocéra, en charge des grands événements de la ville, réitère ses félicitations pour un projet si ambitieux: « nous avons besoin de vous au Dôme pour ouvrir l’Opéra à un plus large public ».

Le mot du metteur en scène

Richard Martin professe qu’on « marquera d’une pierre blanche cette Carmen au Dôme : elle sera unique » car elle est portée par « le talent et la tendresse des artistes » participant à cette production.  « Carmen n’est pas une espagnolade comme on le voit souvent, ce qu’on propose est une réflexion sur les sentiments et la passion mais également une étude de mœurs universelle » précise-t-il, justifiant ainsi le choix d’introduire « des clins d’œil à l’actualité et au monde que nous traversons » dans sa mise en scène.

La danse sera également à l’honneur dans cette CARMEN avec la participation d’une jeune danseuse, Ana Perez, fille du chorégraphe Patrick Servius et de la directrice du Centre Solea, Maria Perez: Ana s’est déjà produite à l’occasion du festival de Marseille sur le toit du Corbusier en 2014 et s’est spécialisée en Flamenco à Séville.

Alors, si vous êtes tentés, réservez vite pour découvrir ou redécouvrir Carmen ! DVDM

 

Carmen de Bizet sur un livret d’Henri Meilhac et Ludovic Halévy, d’après la nouvelle Carmen, de Prosper Mérimée/Tarifs de 13 à 60€/Durée : 3 heures avec entracte inclus

Direction musicale : Jacques Chalmeau/Mise en scène : Richard Martin/Scénographie : Floriande Montardy Chérel /Orchestre de La Philharmonie Provence Méditerranée/Chœurs Philharmonique de Marseille/Chœur Amoroso du CNRR de Marseille/Co-production La Philharmonie Provence Méditerranée et Opéra de Marseille

Distribution : Carmen : Marie Kalinine/ Don José : Luca Lombardo/ Micaela : Lussine Levoni/Escamillo : Cyril Rovery/Mercédès : Sarah Bloch/Frasquita : Hélène Delalande/Morales : Benjamin Mayenobe/Le Dancaïre : Mikael Piccone/Le Remendado : Jean Noël Tissier/Zuniga : Frédéric Albou/Danseuse : Ana Perez

Photo en entête: extrait de l’affiche de Carmen/ (c) OPPM/Autres photos (c) DVDM sauf l’élément de scénographie (c) Toursky

 

Encadré sur la Fabrique Opéra

Ce n’est pas un mystère, partout où la Fabrique Opéra passe, les dettes s’accumulent pour les structures partenaires (avec des opérations de communication démesurées et couteuses) et les procès pleuvent !

C’est le cas à Marseille où Jacques Chalmeau est en procès avec la structure qui « n’a réglé aucune note », laissant le soin de payer les dettes au coproducteur. Cet abus de confiance ou escroquerie n’est pas le premier fait d’arme de cette structure, en atteste les nombreuses villes qui se sont désolidarisées de la fabrique Opéra en France (plusieurs articles sont parus dans les journaux régionaux de France et de Navarre : http://france3-regions.francetvinfo.fr/midi-pyrenees/haute-garonne/toulouse/toulouse-la-fabrique-opera-jette-l-eponge-un-mois-des-representations-de-carmen-972782.html).

Nous avions rencontrés des représentants de la Fabrique Opéra l’an passé et nous étions restés dubitatifs sur leurs intentions, malgré un projet louable et honorable sur le papier mais qui relevait à mon sens de l’utopie, voire d’une arnaque. En effet, le choix de faire faire tout (costumes, décors, scénographie…) par des classes entières d’élèves de lycées techniques était hasardeux. Certes, faire participer des élèves par petits groupes à un tel projet est intéressant mais des classes entières, avec les problèmes de gestion que cela pose et sans véritable encadrement par des professionnels ni projet pédagogique clairement défini, n’est pas le meilleur moyen de professionnaliser des jeunes.

De plus, il nous semblait que sous couvert de faire découvrir le monde de l’Opéra à des jeunes (chose déjà mise en place depuis longtemps à l’Opéra de Marseille au travers de ses actions culturelles et de « à Marseille, l’Opéra, c’est classe! »), cela évitait de faire appel à et payer des professionnels. Sachant que le prix des places se situait entre 25 et 55€, de 16 à 47 € pour les réduits, cela faisait cher pour un spectacle employant au final peu de professionnels,  d’autant plus qu’on peut aller voir un opéra à 13€ à Marseille et dans l’Opéra lui-même à des conditions de production 100% professionnelles. DV

Rmt News Int • 23 mai 2016


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