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Intermittents du spectacle

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Intermittents : toujours en colère et pour cause !

Les intermittents ne décolèrent pas et ce, malgré l’annonce de Manuel Valls ce jeudi 19 juin : le premier ministre s’est engagé à ne pas baisser les crédits alloués au spectacle vivant jusqu’en 2017 et de réunir une équipe d’experts pour travailler sur une remise à plat du statut de l’intermittence.

Remise à plat, ce terme peut faire frémir à juste titre de nombreux intermittents : il est impossible de savoir dans l’avenir à quelle sauce seront mangés les intermittents à l’heure actuelle, à savoir si les réflexions menées par les syndicats des intermittents seront prises en compte et leurs pistes retenues par les chargés de mission nommés par le gouvernement pour cette affaire. Et pourtant, il apparaît nécessaire de revoir la copie de ce statut, notamment aux vues des abus pratiqués par certains médias télévisuels et radiophoniques. Ces derniers sont encore trop nombreux à profiter du système, par exemple en embauchant des journalistes en intermittence au lieu de leur proposer des contrats de droit commun ou à défaut, des piges (ce qui leur permettrait de bénéficier du statut propre à leur fonction de journaliste); voire en embauchant des maquilleurs professionnels n’ayant aucune partie liée avec le monde de la culture et du spectacle vivant sous ce statut. Il faut pouvoir limiter ces pratiques abusives induites par un statut pourtant si utile et nécessaire pour les artistes/techniciens (et la création) mais aussi fort avantageux pour certaines entreprises. Et c’est là que le bât blesse ! Alors comment faire en sorte qu’une exception française puisse perdurer pour le bien général de tous en cette période de crise sans pénaliser les plus fragiles (structures culturelles et artistes/techniciens) tout en limitant les abus précités ?

Comment faire en sorte que tous puissent se mettre d’accord sur un sujet aussi épineux et complexe, qui menace l’économie d’un secteur et par ricochets, celle d’un pays entier : il ne faut pas oublier que si les festivals sont annulés, à court terme, ce sont les restaurants, magasins et hôtels qui se vident, faute de touristes ; à moyen, voire long terme, ces entreprises n’embauchent pas, voire licencient etc…  ! Aussi, afin de limiter la casse et de rassurer les intermittents, Manuel Valls a annoncé que l’Etat prendrait en charge le différé d’indemnisation des intermittents dans le cas où l’agrément de l’accord Unédic négocié par les partenaires sociaux et signé le 22 mars dernier serait signé par le ministre du travail, François Rebsamen la semaine prochaine. Pour mémoire, cet accord concerne tous les salariés relavant du régime de l’Assurance Chômage (et non exclusivement les annexes 8 et 10 qui définissent les règles du régime d’indemnisation chômage des intermittents du spectacle) : ainsi, dépassant le cadre d’un régime spécifique, il semble impossible que cet accord ratifié par une majorité de syndicats ne soit pas signé et ce, en dépit des manifestations et menaces de grève qui pèsent sur l’ensemble des grands festivals de notre région. Pourtant, c’est bien ce que demandent les intermittents du spectacle !

Pour rappel, l’accord prévoit « avant la fin de l’année 2014 une concertation sur les moyens de lutter contre la précarité dans les secteurs visés par les annexes 8 et 10, notamment en favorisant le recours au CDI » (source http://www.mescachets.com/intermittent-spectacle/statut-intermittent-du-spectacle)! Ainsi au-delà des revendications liées à une éventuelle baisse de leurs indemnisations, ce qui semble le plus inquiéter les intermittents serait cette idée de favoriser le recours au CDI : le sens de cette proposition a pour effet d’alimenter le spectre de la suppression pure et simple du statut d’intermittents qu’elle aille ou non réellement dans cette voie même si le gouvernement se veut rassurant sur ce point, et ce ; dans un domaine où le travail ne peut en aucune mesure se compter en heures sur une base de 35heures de travail par semaine ! Il est impossible d’assimiler le travail d’un artiste* -avec tout ce que le processus de création comporte de réflexion, recherche, tentatives … avant d’aboutir au travail à proprement parler de répétition et à la présentation finale de la création- à un travail salarié classique. Et c’est là qu’apparaît le fond du problème et la raison même de la grogne des intermittents ! Revendiquer le maintien de la spécificité de leurs droits n’est pas un acte gratuit visant à la conservation de « privilèges » (largement entamés depuis 2003) mais plutôt, et surtout, il s’agit d’un acte militant visant au maintien d’une catégorie d’être(s) nécessaire au rayonnement de notre pays, au fonctionnement de notre démocratie et à l’épanouissement de tout un chacun.

Imaginons un monde sans art ni artistes…. Est-il possible (voire imaginable) de vivre dans une société de laquelle les Arts seraient absents? Que serions-nous si l’Art n’existait pas ? Telle peut être une des questions que pose ce conflit en son cœur et à laquelle nul ne peut être insensible. Diane Vandermolina

 

*sous le vocable artiste, nous intégrons les techniciens (créateurs lumière, son….) et autres métiers du spectacle (metteurs en scène, costumiers, décorateurs, scénographes….)

 

Rmt News Int • 20 juin 2014


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